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Comment trouver un emploi en techno

par quelqu'un qui en a trouvé au cours des cinq dernières années

Trouver une job en techno comporte son lots d'embûches distinctes de celles liées aux emplois de type col bleu et col blanc. Souvent, le personnel des centres d'emploi n'est pas au courant des obstacles auxquels les travailleurs du milieu font face, surtout ceux au parcours atypique.

 

J'ai rassemblé ici les méthodes qui m'ont été utiles.

 

Projet personnel lié au poste visé

- Se trouver un projet personnel de programmation simple et rapide. L'idées est de pouvoir rapidement en montrer la version minimum viable sur Github. Le projet doit porter sur un sujet qui nous intéresse vraiment, dans son langage de programmation favori, parmi ceux ayant rapport avec le champ visé. Avoir un projet personnel de programmation à son actif constitue une condition nécessaire, bien que déplorablement non suffisante, rien que pour être convoqué en entrevue.

- Le projet peut aussi prendre la forme de bénévolat pour quelqu'un d'autre. On pourra ensuite dire qu'on a travaillé en équipe ou qu'on était redevable à une autre personne.

 

Réseautage

- Chercher les événements de réseautage en techno sur Meetup et Eventbrite.

- Pour les événements de réseautage de techno en général, je recommande YulDev, un événement petit et convivial. À l'autre extrême, HackerNest est énorme, donc on y voit rarement les mêmes participants d'un mois à l'autre.

- En tant que personne marginalisée en techno, je trouve les événements de réseautage de personnes marginalisées dans le domaine (comme QueerTech) plus accueillants que les gros événements ouverts à tous, donc je préfère participer à ceux-là. Typiquement, les événements de réseautage spécialisés en groupes marginalisés s'avèrent plus accueillants pour les membres de ces groupes.

- Par ailleurs, les technos (IA, apprentissage automatique), sous-technos (apprentissage automatique neuronal), langages de programmation (Python, JavaScript) et cadriciels (Java, Laravel, Django) ont souvent leur propre événement de réseautage. Par conséquent, une recherche sommaire avec le nom de la techno risque de retourner des événements pertinents. À noter que cette recherche s'avère difficile sur Meetup, ce site ayant une mauvaise expérience utilisateur.

- Cerner ses véritables centres d'intérêt. Pas ceux du marché du travail : LES SIENS. Informer ensuite ses proches et ami.e.s des réseaux sociaux de sa quête. Un message spécifique sera plus mémorable. J'ai trouvé mon premier emploi après avoir annoncé à mes connaissances du café étudiant que je voulais travailler dans la musique. Quelques semaines plus tard, l'un d'entre eux a vu une offre d'emploi pour MixGenius (maintenant LANDR Audio) et m'en a informée. Six mois plus tard, je commençais un stage industriel dans l'entreprise.

- Dire aux connaissances rencontrées aux événements de réseautage ce que l'on cherche. Là aussi être spécifique.

- Les événements généralistes (c'est-à-dire pas spécifiques à la techno) sont peu utiles : trop de bruit, pas assez de signal.

- Après avoir assisté à plusieurs types d'événements, déterminer ses cinq préférés. Rien de mal à se restreindre aux événements où l'on a de la facilité à parler aux autres, sinon à quoi bon. Il en va de même pour les endroits où l'on ne s'entend pas parler. En plus, ils sont nuisibles parce que drainants. Les énergies mentale, sensorielle et sociale sont des ressources épuisables. Connaître ses besoins pour ne pas gaspiller son énergie.

- Sur les réseaux sociaux, on peut trouver des groupes de techno en cherchant par exemple 'Montréal IA', ou 'Montréal tech startup'. C'est comme ça que j'ai trouvé mon deuxième emploi.

- Les foires aux emplois permettent de découvrir de nouvelles organisations et de discuter avec leurs employés, typiquement une personne technique et une personne des RH. Ceux au parcours atypique ont intérêt à discuter avec la personne technique.

 

LinkedIn

Les recruteurs en techno regardent beaucoup LinkedIn. J'ai eu deux de mes emplois grâce à eux. Toutefois, faire preuve de jugement quant aux offres proposées.

- Partager souvent (jusqu'à tous les jours) des articles qu'on a trouvés intéressants.

- Publier des citations percutantes qui reflètent ses valeurs et ses combats. Ces publications aident à trouver ceux qui partagent ses valeurs et à éloigner les employeurs toxiques. Si vous êtes toxique, ça permet aux autres de vous éviter.

- Remplir toutes les sections de base du profil. On sait qu'elles ont bien été complétées quand LinkedIn nous déclare « Expert ».

- Avoir une photo de profil de qualité. La marque et le type de l'appareil-photo comptent : les appareils plus complexes prennent de meilleures photos. Je tiens cette info d'un article sur les appareils qui prennent les meilleures photos de profil sur les sites de rencontre. Les considérations techniques qui valent pour les photos de sites de rencontre valent partout. Emprunter l'appareil de quelqu'un d'autre s'il le faut.

- Indiquer un titre de poste même si l'on n'a pas d'emploi, comme « Scientifique des données chez nous ». Un poste même bidon augmente significativement la visibilité du profil sur LinkedIn (je crois me rappeler d'un facteur 40, mais je n'arrive pas à retrouver la source).

- Demander à ses anciens collègues et camarades de classe des recommandations pour ses compétences.

- Les expériences de bénévolat comptent.

 

Communication directe avec les organismes

- Les candidatures spontanées font partie du marché caché, celui qui constitue 70 % des offres d'emploi. Le site Internet des organismes ayant plus de 200 employés a généralement un formulaire pour postuler directement. Ces organismes affirment souvent que leur site constitue la meilleure (la seule?) façon de s'y faire embaucher.

- Renvoyer son CV aux six mois, car les RH les jettent à cette fréquence.

- Si l'on a un parcours atypique, communiquer avec la CTO. La CTO saura que Matlab est un substitut acceptable pour R, ou Plotly pour Tableau. La personne aux RH? Probablement pas.

- Ne pas leur téléphoner. On est en 2019.

 

Sites de recherche d'emploi

- J'ai eu deux de mes emplois par Indeed. Les offres se répètent d'un site à l'autre. À part Indeed, les sites que je préfère sont Glassdoor, Stack Overflow Jobs et Simply Hired.

- Les sites de recherche d'emploi servent quand même à connaître l'existence de certains employeurs. On sous-estime à quel point c'est un obstacle pour travailler à un endroit de simplement connaître l'existence de celui-ci.

- Éviter les sites généralistes comme Monster. Il y a trop de bruit, et pas assez de signal. C'est comme fouiller dans un tas de vidanges. Par exemple, chercher un emploi en apprentissage machine va retourner des postes de machiniste. Drainant pour rien.

Autres considérations

- Je recommande les sites The Muse et Ask a Manager pour des conseils fondés sur des expériences récentes dans le marché du travail, notamment en lien avec la rédaction de CV et de lettres de motivation.

- Les ateliers donnés par les services universitaires et gouvernementaux sont mal adaptés au domaine de la techno (pour ne nommer que celui-là) : leurs conseils sont périmés et trop génériques. Il est improbable que leurs ateliers sur la composition de CV et de lettres de motivation vous apprennent quoi que ce soit que vous n'avez pas déjà lu sur Internet en mieux.

En conclusion

Bien entendu, la liste précédente comporte des simplifications. Je n'ai pas abordé la quête intérieure longue et complexe menant à une réorientation de carrière totale ou partielle, quête dont les questionnements causent de la friction lors de la recherche d'emploi. Ce sujet mérite son propre article. À suivre!